Très récemment, lors d’un diner entre amies, nous discutions d’estime de soi et de gain de poids. Il faut expliquer à ceux et celles qui n’ont pas de problème de poids, que celles d’entres-nous qui en avons un et qui avons de la difficulté à contrôler l’envie du sucre, nous ne nous apercevons pas nécessairement de l’« ampleur » du problème. Bien sûr qu’il y a des signes évidents. Par exemple, lorsqu’on enfile un pantalon, ou lorsque vient le temps de magasiner. Pour éviter de se détester, on redouble d’ardeur pour assayer d'en trouver un amincissant et en essayant de se convaincre qu’on est quand même belle.
Laissez-moi vous dire que le gain de poids n’a rien à voir avec la beauté. La perte de poids ne nous rendra pas plus belles. Tel que je l’ai mentionné dans un autre billet, un gain de poids est causé par un déséquilibre. Le gain de poids n’est qu’une dernière étape visible, une réaction à des déséquilibres dans plusieurs sphères d’une vie. Bref, il y a compensation dans la nourriture, et laissez-moi vous dire que lorsqu’on en est rendu là, on ne calcule pas nécessairement nos portions de céleris. Pire, c’est rarement des céleris qui nous appelle, mais le sucré ou le salé. Un goût qui vient probablement de l’enfance et qui est synonyme de sécurité. Personnellement, j’ai été témoin des rages de sucre de ma mère après des colères mémorables. Telle une vraie droguée, elle se précipitait sur la canne de sirop d’érable et en consommait à la cuillère au dessus du lavabo. Quant à moi, j’imagine que ce devait être très jeune lorsque j’ai ressenti le bien-être que les aliments sucrés m’apportaient.
Si j’avais consulté un coach en perte de poids plus tôt dans ma vie, j’aurais sans doute pu déceler ce déséquilibre. Il se trouve que les occasions d’être en déséquilibre dans une vie ne manquent pas. Ayant un tempérament de leader qui a été écrasé, un leader à qui l'on a enseigné la peur d’être, j’ai choisi de passer au travers d’une vie sans faire de vague. Alors, imaginez ma douleur lorsque je voyais dans les yeux de la personne en face de moi de la désapprobation! J’avais appris en très bas âge que pour être aimée, on se devait d'être gentille et que la chose la plus importante au monde était justement d’être aimée. Aucune notion de s’aimer soi-même n’a fait partie de ma vie.
Il m’aura fallu aller trouver profondément à l’intérieur de moi-même celle qui habitait ce corps et la réconcilier avec ce corps qui n’avait aucunement l’air de son idéal. Je ne parle pas ici de beauté, mais plutôt de santé.
Par le passé, il y en a eu des diètes, des consultations, des actions entreprises pour atteindre le standard de beauté de mon entourage. Je n’ai pas souvent senti avoir atteint leur standard et lorsque j’ai réussi, je m’attendais à ce que les gens sortent les clairons et les balounes et me couvrent de félicitations. Après ces déceptions, je bousillais tout le travail que j’avais accompli juste parce que j’étais incapable de m’apprécier moi-même, tout simplement.
Présentement, je ne veux plus discuter de ma perte de poids , de mes méthodes, du côté spirituel ou physique de la chose avec personne. La ligne est mince entre l’équilibre et le déséquilibre. Mon équilibre mental est atteint. J’ai remis en perspectives mes buts et objectifs. J’ai surtout lâché prise de la personne que tous croient que je suis ou que je devrais être. J’ai décidé qu’il valait la peine que je suive les conseils des experts lorsqu’il est question de sommeil, de temps alloués pour soi, de prendre le temps de faire des activités stimulantes, de parler de ses sentiments et surtout de ses ressentiments. Il est certain que l’entourage s’étonne la première fois. Certains vont même verbaliser des jugements de valeur ou vous affronter carrément. La première fois que cela arrive, on se voit toute désemparée jusqu’à ce que l’on comprenne que ces gens sont pour la plupart, des gens qui ont peur des changements.
Les gens ne comprennent pas, même si l'on se tue à leur expliquer, la profondeur du problème. Ils n’en ont pas la capacité et malgré que ce serait idéal de pouvoir être comprise, il faut se rendre à l’évidence que c’est à un spécialiste comportemental qu’il faudra s’adresser si l’on veut obtenir de l’aide pour voir la lumière au bout du tunnel.
Je sais que je vais devenir un jour un coach en perte de poids. Mais avant, il faut que j’aie maitrisé moi-même le déséquilibre dont je parle tant. Alors que j'ai encore des rechutes sur le manque affectif, j’apprends à rentrer directement dans les émotions. Puisque ceux-ci, positifs ou négatifs, passent toujours de toute manière. J’apprends à faire confiance en la vie et à me faire confiance en rapport à mes connaissances, les intellectuelles et les divines, pour faire face à ce que j'ai à faire face. Disons que c'est fragile. Mais j'ai compris, au fur et à mesure que la vie passe, que si je me tape dessus à tour de bras, je ne m'en sortirai pas. J’apprends tout juste que je n'ai pas à faire la « carpette » pour me faire aimer. En fait, j’apprends surtout que je n'ai pas à me faire aimer. J'ai juste besoin d'être.
Ce matin, mon fils voulait que je m’habille d'une robe très colorée qu'il avait choisie l'autre jour dans une boutique. Cette robe est très ample et je me sens grosse dedans. Elle est faite pour porter avec une legging. Donc, j'ai verbalisé le fait que je trouvais qu'elle me grossissait. Et sa réponse fut: « Je ne sais pas si elle te grossit, je ne connais pas ça. Mais je sais qu'elle rend de bonne humeur les gens que tu croises! » Elle est rouge, bleu turquoise et vert lime. Je l'ai mise en essayant d'aimer mon corps tel qu'il est! Bien beau vouloir s'amincir artificiellement, mais peut-être faut-il parfois assumer ce que nous sommes.
Aujourd'hui, j'examinais mes bras qui ont fondu, mais qui commencent à pendre. « Des bras de matante! » me suis-je exclamée. J’ai tout de suite changé mon fusil d’épaule en changeant mon point de vue. Mes bras sont forts, fonctionnels, talentueux... et je les apprécie. De la même manière que j'apprécie d'avoir perdu tout ce poids. Donc, je ne vais pas me plaindre des effets secondaires. N'en tient qu'à moi de trouver une solution si je suis incapable de vivre avec un peu de peau qui pendouille.
Je crois qu'il est impossible de se trouver parfaite. La preuve c'est que même les plus belles femmes du monde se trouvent des imperfections. Ma conclusion est que nous sommes toutes parfaites telles que nous sommes, sauf que comme un artiste qui créé une oeuvre et n'est jamais satisfait, on veut améliorer l'oeuvre d'art. Pourtant, personne n'aurait pensé à réparer les imperfections d'une Joconde qu'on dit parfaite, mais que moi personnellement je trouve laide!!!! On est des oeuvres d'art. La preuve est que si vous regardez vos enfants, vous allez les trouver parfaits tels quels avec leurs imperfections. Peu importe si notre mère avait ou non l'instinct maternel, c'est à nous de nous regarder avec la même perfection qu'on regarde nos enfants....parce qu'e l’on vient exactement de la même place qu'eux...et l'on y retournera un jour.